J’ai commencé à éprouver le syndrome de l’imposteur quand j’ai commencé à enseigner la guitare. Après plusieurs années d’apprentissage avec des professeurs particuliers et deux années passées dans une école de formation aux métiers de la musique, je suis très vite passé du statut d’élève à celui d’enseignant. Enseignant ? Moi ? Mais qui suis-je pour enseigner la guitare ? Ai-je les compétences nécessaires ? Il y a tellement de choses que je ne maîtrise pas ! Suis-je vraiment à ma place ? Il est clair que je ressentais déjà le syndrome de l’imposteur alors que je commençais tout juste à donner des cours de guitare. Je manquais de confiance en moi sans même pouvoir mettre un mot là-dessus. Il était nécessaire dans un premier temps d’identifier mes émotions. Pourquoi je doute de moi-même ? Suis-je à la hauteur ? Reconnaître un comportement permet de relativiser et de rebondir plus facilement.

Le syndrome de l'imposteur.

Dans la tête de l’enseignant imposteur

J’ai ressenti le syndrome de l’imposteur comme un manque caractéristique de confiance en moi, comme un sentiment de ne pas être à la hauteur. Même lorsque je réussissais à accomplir des objectifs, j’avais toujours tendance à minimiser cette réussite. Je ressassais les mêmes choses encore et encore… Je me cherchais des excuses et culpabilisais pour au final ressentir beaucoup de honte et d’anxiété. J’avais l’impression d’être arrivé là par chance, par hasard et non par mérite. Que vais-je pouvoir réellement apporter aux autres ?

Le syndrome de l'imposteur. Dans la tête de l'enseignant imposteur

Apprivoiser le syndrome de l’imposteur

Ce sont notamment les retours positifs de mes élèves qui m’ont permis de (re)prendre confiance en moi. Doucement, mais surement, j’ai dépassé mes croyances limitantes, bien ancrées depuis l’enfance, pour finalement réévaluer mes compétences « guitaristiques » et pédagogiques. Serait-il possible que je sois un bon prof ? Peut-être. Après une remise en question avec une sérieuse autocritique, j’ai pris la décision de reprendre l’apprentissage de la guitare là où il s’était « arrêté ». J’ai travaillé sur la méthodologie et la pédagogie des cours. J’ai mis en place des objectifs à atteindre et me suis lancé des défis : techniques acquises, découverte d’autres styles, cours particuliers, en groupes, en entreprise, en EHPAD ou à l’hôpital, apprentissage de l’éveil musical et de la musicothérapie, concerts en proposant un répertoire musical qui n’était pas le mien à l’origine, création d’un blog, d’une chaine YouTube, etc. Bref ! Je suis passé à l’action. Je me suis rendu compte que je pouvais apporter une expertise à celles et ceux qui le souhaitaient. Fidéliser mes élèves, année après année, était un signal positif de mes compétences et de ma légitimité à enseigner la guitare. J’étais sur la bonne voie…

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Le syndrome de l'imposteur. Guitariste sur scène.

Approuver les réussites

J’ai commencé à accepter mes réussites, et ce, de manière complètement factuelle. Sans prétention, j’ai progressivement dressé une liste de mes compétences en tant que prof de guitare, mais aussi de mes aptitudes passées que je pouvais réinvestir. J’ai enfin réussi à arrêter de me comparer aux autres musiciens et profs que j’estimais plus légitimes que moi. J’ai cessé de me mesurer à des guitaristes qui étaient allés bien plus loin que moi. Finalement, je n’étais pas nul, j’avais simplement moins d’expérience. J’ai commencé à comprendre que je devais m’inspirer des grands guitaristes sans pour autant me comparer. J’ai gardé le cap sur mes objectifs en me préservant de toujours vouloir plaire et donc de dépendre en quelque sorte du regard des autres. Petit à petit, j’ai (re)développé une bonne estime de moi en (re)découvrant qui j’étais, en m’acceptant tel que je suis. J’ai accepté les compliments et appris à juste dire merci. En prenant conscience de mon expérience, de ma valeur en tant que musicien, j’ai ainsi pu retrouver la confiance qui était en moi.

Guitaristes de légende.

Accepter l’imperfection

Il faut accepter d’être soi-même et arrêter de surjouer, de vouloir cacher son incompétence : être authentique. Mais aussi, apprendre à être indulgent avec soi-même : personne n’est parfait.
Quand on apprend à jouer d’un instrument, on se donne du mal pour atteindre des objectifs techniques, une qualité de prestation qui, lorsque l’on débute, ne répondent pas toujours aux attentes souhaitées. Pour autant, cela ne fait pas de nous de piètres guitaristes, bien au contraire ! Pour remédier à ces moments de doute, plusieurs solutions existent :

  • Ne pas rester seul dans son coin et jouer avec quelqu’un d’autre ou jouer dans un groupe. C’est un bon moyen d’évaluer ses compétences (sans se comparer 😉 ) et de progresser.
  • Enregistrer ses sessions solo ou les répétitions en groupe pour mesurer sa progression et corriger ses erreurs et aussi prendre conscience de ce qui sonne bien. On prend toujours beaucoup de plaisir à réécouter une bonne répète.

Avancer à son rythme

L’initiation à un style, à une technique prend du temps : patient et persévérant, tu seras.

  • Découvre le style que tu aimes : rencontre d’autres musiciens, va à des concerts, écoute beaucoup de musiques différentes… Sois curieux !
  • Initie-toi à cette technique de jeu en la décodant : reprise de morceaux ciblés
  • Une fois cette technique comprise, tu peux alors l’incorporer dans ton propre jeu : improvisation, composition
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L'artiste Ben Howard sur scène à Sydney.
Ben Howard

Diversifier les sessions de travail

Pour faire simple, les exercices, c’est bien, analyser et reprendre des morceaux, c’est mieux. Apprendre un nouveau morceau, c’est apprendre une nouvelle technique, mais c’est aussi travailler son oreille, écouter les autres instruments, jouer en rythme et c’est clairement plus musical et plaisant que de travailler une gamme sur un métronome ! On progresse toujours plus vite quand on prend du plaisir.

La répétition fixe la notion

« La répétition fixe la notion. » C’est ce que mon grand-père, pianiste génial, ne cessait de me répéter. Pour être vraiment productif, il vaut mieux prévoir des sessions de travail assez courtes (15-30 minutes) et régulières. Rien ne sert de programmer des plages de travail de plusieurs heures que l’on aura du mal à finir ! Un peu de technique pour la forme, un peu de théorie pour mieux comprendre ce que tu joues, et des bons morceaux pour te faire plaisir.

Le syndrome de l'imposteur. Guitariste heureuse.

L’essentiel : prendre du plaisir

Ne t’arrête jamais de jouer ! Riffs, arpèges, rythmiques ou solos… Tout est bon dans le son ! Sois curieux et prends le temps de découvrir d’autres styles et d’écouter un maximum de musique. Connecte-toi aux autres musiciens et partage les émotions intenses que procure l’expérience musicale. Et n’oublie pas que nous avons tous été débutants. Donc, arrête de cogiter et pratique, pratique et pratique encore ! C’est la pratique qui va répondre à tes doutes. Utilise ton énergie pour passer à l’action et non pour ressasser encore et toujours les mêmes choses. À toi de créer une dynamique dans ton apprentissage de la guitare, car de cette manière, tu auras rapidement non pas un retour imaginaire, mais bel et bien un retour factuel de tes compétences. Passe à l’action, demande l’avis des autres musiciens avec qui tu joues pour faire évoluer ta pratique de la guitare et ainsi t’améliorer. Reste dans ton champ de compétences, n’oublies pas que l’essentiel, c’est de prendre du plaisir et je te garantis que tu auras un retour (productif) sur ta progression en guitare.

Musiciens de rue.

Voilà, j’espère que cet article aidera celles et ceux qui comme moi ont souhaité un jour se libérer du syndrome de l’imposteur. Libère-toi de toi-même, n’aie pas peur de créer. Fais confiance au guitariste qui est en toi, et aux autres tant qu’ils sont bienveillants, privilégie la pratique, sois factuel et (re)trouve ta créativité. 😉
N’hésite pas à partager ton avis et tes enregistrements dans les commentaires. C’est toujours bénéfique de pouvoir échanger sur le travail de chacun. À bientôt et bonne gratte à tous ! 🙂